Aujourd’hui, mon amour de Ying aurait dû fêter ses 8 ans. Par beau temps, il m’aurait « aidée » à cueillir du muguet dans le jardin. J’en aurais fait un bouquet que je serais allée déposer sur la tombe de mon père, j’en serais revenue le cœur lourd et les larmes aux yeux, mais mon Ying aurait été là pour me redonner le sourire. Il m’aurait amusée de ses facéties, nous aurions fait des câlins. Il se serait régalé d’un menu spécial anniversaire, et aurait eu un cadeau, un jouet, encore un, un de plus.
Aujourd’hui, seule Yang, sa sœur, fêtera son 8ème anniversaire, elle seule aura un menu spécial et un cadeau, un jouet fourré à la menthe à chat. Ying n’aura qu’un bouquet de fleurs virtuelles et mes larmes.
Année après année, seule Yang, sa sœur, aura une gamelle et un cadeau d’anniversaire. Elle seule aura un nouveau jouet, et elle se régalera sans craindre de se faire virer de sa gamelle. Année après année, elle me rappellera l’âge que lui aussi devrait avoir mais n’aura jamais, les années passées sans lui. Elle fêtera ses 9 ans, puis 10 ans, 11 ans… peut-être même 20 ans. Lui ne fêtera plus rien, plus jamais. L’anniversaire de leur naissance, celui de leur adoption, les rappels de vaccins, Noël, le nouvel an, autant de dates auxquelles elle sera seule alors qu’ils auraient dû être deux.
Jour après jour, Yang me rappelle tout ce bonheur auquel son frère Ying n’a plus droit, ce bonheur dont elle seule profite. Jour après jour, elle me rappelle les jours heureux, quand ils étaient deux.
Instant après instant, Yang me rappelle l’absence de mon Ying, mon chat chéri, l’amour chat de ma vie. Instant après instant, elle me rappelle que nous vivions une belle histoire avec eux deux. L’histoire aurait dû continuer ainsi pendant des années et des années, jusqu’à ce qu’ils soient de vieux chats, de très vieux chats. La vie en a décidé autrement. Mon Ying ne sera jamais un papy chat. Le bonheur a cédé la place à l’amertume et aux larmes, à une profonde blessure qui jamais ne cicatrisera totalement. |