Parnelle et Réglisse se font gronder…
Si la vie avec nos minous est la plupart du temps faite de tendresse et de jeux, il y a aussi les moments où ça chauffe. On est parfois fatigué, pas disponible ou énervé et il faut bien le reconnaître, il leur arrive aussi de faire des bêtises plus grosses qu’eux, ce n’est pas toujours à sens unique.
Donc, ça m’est arrivé plus d’une fois de m’emporter contre Parnelle ou Réglisse. Râler, jurer, crier, hurler et parfois, je dois l’avouer, la petite claque sur la fesse est tombée… Parnelle avait un sens aigu de la justice. Si elle estimait que l’engueulade était justifiée, elle s’éclipsait un temps puis revenait comme si de rien n’était et on n’en parlait plus. En revanche, si j’avais crié trop fort pour une broutille, ou à tort, alors là , c’était une autre affaire, elle boudait carrément. Ça pouvait durer plusieurs heures, elle allait se mettre dans un coin qu’elle aimait bien et y faisait sa tête des mauvais jours, l’œil noir, l’air renfrogné… Mes souvenirs les plus immédiats sont ceux de ses dernières années avec nous. A l’étage, sur la mezzanine, j’avais installé une sorte de mini bibliothèque, une colonne avec des étagères et le deuxième compartiment était suffisamment dégarni pour qu’elle s’y installe. Ce casier est devenu sa petite prison, quand ça chauffait elle s’y installait et je me souviens même d’une fois où elle trainait sur la mezzanine après je ne sais quelle bêtise, je lui ai dit « oh que tu es vilaine, va dans ta prison » et elle s’y est rendue d’elle-même…
Selon la gravité de l’incident et la force de ma colère, elle redescendait au bout d’un certain temps, d’une quinzaine de minutes à parfois deux ou trois heures. Ce n’était pas entièrement réglé pour autant, elle allait se loger sur le grand meuble du séjour et là , il fallait que je l’appelle plusieurs fois, en y mettant le ton, la forme et les mots tendres pour qu’elle accepte enfin de venir sur mes genoux.
C’était très drôle et très mignon, elle tournait la tête à droite, à gauche en faisant sa boudeuse du genre « c’est à moi que tu parles ? Je sais pas si tu mérites que je me déplace, allez, encore des mots gentils ». Quand elle arrivait, c’était un déchainement de câlins, de frottaillous et elle ne boudait pas mes caresses…
Réglisse aussi se faisait gronder. Et je dois dire que lorsqu’elle était petite, elle s’est fait engueuler plus que de raison. Il faut dire que plusieurs facteurs contribuaient à faire d’elle une usine à bêtises : chaton, écaille de tortue et arrivée dans une maison où non seulement il y avait le chagrin de la perte de Parnelle mais aussi une période de dégradation profonde de la santé de mon épouse, source de stress pour moi. Pauvre minoune, elle en a entendu des cris et des reproches. Dans sa petite tête de minette, faire des bêtises était j’en suis certain son moyen d’attirer pleinement notre attention.
C’est là que j’ai eu une chance incroyable. D’autres chats auraient pu se braquer, se méfier, devenir distants mais pas Réglisse. La notion de rancune lui était totalement étrangère. Elle ne boudait jamais, ne se braquait jamais. Tout au plus elle faisait des petits caprices parfois, si je lui interdisais quelque chose, elle s’en allait en fouettant de la queue et en pleurnichant ou en rouspétant un peu, c’est tout.
J’étais son papa ou sa maman (un peu des deux), autoritaire certes mais aimé quoiqu’il arrive. Le schéma engueulade avec Réglisse était simple et immuable, dès que je criais, elle partait en trottinant rapidement, de manière saccadée, les oreilles en arrière, c’était très drôle, on aurait dit un chat de dessin animé ou un petit automate. Ensuite, il y avait deux options, soit elle en profitait pour aller piquer une petite sieste ou bien, et c’était le cas le plus fréquent, elle revenait quelques minutes après histoire de capter l’ambiance. Elle arrivait doucement, avec ses petits yeux curieux et un peu inquiets et si j’étais installé sur le sofa, elle venait se mettre sur mes genoux : ronrons et footing de pattounes sur mon ventre. Pauvre petite puce, qu’elle ait été grondée à tort ou à raison, elle faisait toujours ça et ça voulait dire « est-ce que tu m’aimes toujours ? », ma réponse a toujours été oui, mais ce oui a pris une taille de police grandissante au fur et à mesure que le temps s’écoulait et qu’elle aussi prenait de plus en plus d’importance dans mon cœur.
Voilà … rien d’extraordinaire mais je voulais les réunir toutes les deux dans une petite histoire. J’espère qu’elles le sont là -haut. J’espère qu’il y a un là -haut et je souhaite ardemment les y retrouver quand mon heure viendra. Elles me manquent toutes les deux… |