Stanley...
Stanley c'était sa maman de substitution, sa tétine géante, son copain, son défouloir, son jouet, sa proie et peut-être bien des choses qu'elle seule connaissait.
Nous avons eu Parnelle à peine sevrée (je pense qu'elle n'avait pas tout à fait deux mois) et en voyant cette minuscule petite chatoune, nous nous sommes dits qu'en plus de notre présence aimante, une peluche, une sorte de doudou géant pour chats lui plairait. Alors, nous avons acheté Stanley au Comptoir Irlandais.
Stanley était un âne... en peluche. Vous savez ces peluches d'animaux où l'on peut fourrer sa main pour en faire une marionnette. Riche idée car Parnelle-bébé en a tout de suite fait sa maman, en piquant des roupillons de plusieurs heures la tête enfouie dans son flanc pendant plusieurs mois tous les jours. Mieux encore, elle le tétait régulièrement, à l'aine, tellement fort et tant de fois qu'au bout d'un moment, Stanley n'avait plus aucun poil à cet endroit!
Parnelle a grandi et Stanley a été un temps relégué au rang de proie. C'était assez comique car il était encore plus gros qu'elle quand elle a eu 9/10 mois et elle le trainait sur le sol du séjour, en le tenant par le cou fermement dans sa gueule et en écartant les pattes pour avancer tellement il était lourd pour elle. Elle mettait un point d'honneur à passer et à repasser devant nous pour nous montrer qu'elle était un gros lion qui avait capturé une proie impressionnante et très très puissante. Elle s'arrêtait parfois et lui fichait une terrible correction en lui mordant les oreilles et en lui labourant le ventre à coups de grats-grats frénétiques. Ça ne l'empêchait pas, une fois la séance sport terminée, de piquer un somme blottie contre lui.
Stanley était aussi mon instrument pour jouer avec Parnelle. De grosses séances bagarres! La main enfoncée dans la peluche, je "décochais" à Parnelle quelques crochets et uppercuts qui avaient le don de la transformer en furie. Heureusement que l'épaisseur de la peluche me protégeait car je pouvais voir qu'un chat, c'est un tigre miniature: crocs et griffes, elle se déchainait.
Cette peluche elle l'a délaissée un bon moment, entre es 8 ans et ses douze ans si ma mémoire ne me trahit pas puis devenant plus vieille, plus fragile, elle s'est rapprochée de lui à nouveau. Comme chez les humains peut-être retombait-elle en enfance? On dit que vers douze treize ans, les chats commencent à être un peu plus angoissés, un peu plus peureux, je ne sais pas si c'est vrai, toujours est-il que ça semblait être le cas avec Parnelle. Au cours des deux dernières années de sa vie, elle s'est souvent endormie sur la banquette du séjour, à mi-chemin entre sa maîtresse qui se couche tôt et son maître qui travaille au premier étage...
Elle n'aimait pas être toute seule et pour nous faire savoir qu'il fallait la rejoindre, elle poussait des miaulements rauques et puissants qui avaient tout du beuglement du veau qu'on mène à l'abattoir. Je n'étais pas toujours disponible pour elle et pour qu'elle cesse au risque de réveiller sa maîtresse, elle a entendu pas mal de "bon, tu viens là -haut et tu te tais" jusqu'à "merde, la ferme Parnelle" !!! Et soudain elle s'arrêtait, intrigué j'allais jeter un œil et là , spectacle étrange et fascinant, je voyais Parnelle, juchée au-dessus de Stanley, le piétinant doucement des quatre pattes tout en lui mordillant la nuque ??? !!! Elle faisait ça quelques instants pour finalement s'endormir contre lui, comme quand elle était bébé.
Parnelle n'est plus de ce monde, ça fera bientôt un an. A côté de son urne où reposent ses cendres j'ai posé son Stanley, tout vieux, tout usé et tout fripé, pour qu'il veille sur elle, sur mon amour de chat.
Sur la photo du bas à droite, Parnelle à quatorze ans, avec sa peluche
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