« Sorties sous haute surveillance »
Il n’était pas question de laisser Réglisse sortir là où elle habitait avant, à sa première maison qui fut aussi la dernière demeure de Parnelle : trop de routes, trop de bagnoles, trop…
Là où nous sommes actuellement, la question s’est posée rapidement : route de campagne éloignée, un seul voisin -sans chien- un immense jardin et des champs tout autour. Je pris donc la décision de la faire sortir avec moi pour quelques dizaines de minutes et de temps en temps seulement. Elle aura ainsi eu droit à une vingtaine de «promenades » au cours de sa dernière année de vie…
Elle était très peureuse, très troutrouille et restait la plupart du temps dans un rayon de dix mètres devant la porte. Elle échappa une seule fois à ma surveillance, je lisais tout en la suivant du coin de l’œil mais au bout d’une demi-heure, mademoiselle s’est enhardie, a descendu notre petit escalier de pierre pour se diriger vers un vieux hangar plus bas. Je l’ai récupérée vite fait et par la suite, j’ai limité son temps de sortie à une vingtaine de minutes, jusqu’au moment où elle prenait confiance…
C’était très facile de la faire rentrer : faire le tour pour lui faire croire que quelqu’un d’inconnu arrivait, émettre de drôles de bruits (grognements…), claquer des mains en disant « attention, attention, allez, allez, on rentre » et zou elle filait dans la maison moitié en courant moitié en rampant, pauvre nounoune, c’était assez drôle. Parfois, je la prenais tout simplement dans mes bras, elle protestait un peu avec des miaous plaintifs mais acceptait malgré tout.
Quand on goûte et qu’on aime, on a envie de remettre ça. Forcément, assez souvent, elle se postait derrière la porte ou se dressait contre cette grande porte-fenêtre vitrée et réclamait, mais sans excès.
http://parnelle.pagesperso-orange.fr/reglisse/gallery1/images/gluglu_014.jpgC’était trop mignon de la faire sortir un peu, elle avançait vaillamment d’un mètre cinquante dans le jardin puis se roulait dans l’herbe ou sur la pierre du pas de porte s’il faisait chaud. Elle retournait vers moi et me gratifiait de plusieurs petits miaous brefs qui très clairement signifiaient merci. Si je m’asseyais elle venait se frotter contre moi et remettait ça question miaous…
Elle semblait avoir conscience que la sortie serait brève car elle passait en revue très rapidement tous les brins d’herbe à sa portée et mâchouillait chacun d’eux, elle faisait toute la bordure comme ça.
Lors des toutes premières sorties il y a eu quelques rencontres amusantes. Une chatte du voisinage avait un de ses petits dans les fourrés à dix ou quinze mètres de la maison. Un gros chaton de 6 ou 7 mois. Sans aucune animosité, Réglisse est allée vers lui et ces deux-là ont joué ensemble un bon moment, se poursuivant à tour de rôle dans le taillis ou sur le muret de vieilles pierres qui se trouvait à côté.
Un détail de plus qui montre combien elle était restée bébé (à deux ans) et combien elle était gentille et dépourvue de toute férocité. Le manège s’est reproduit deux ou trois fois encore et un jour, la mère du chaton a débarqué. La voyant, Réglisse s’est dit « chouette, encore quelqu’un pour jouer » et toute innocente elle s’est avancée rapidement vers la nouvelle. Cette dernière, méfiante et à moitié sauvage, accueillit Réglisse en hérissant les poils et en feulant. Réglisse s’arrêta net, se retourna et revint en trottinant vers moi. Elle posa son petit derrière à côté de mes pieds et lança un petit miaou plein d’étonnement et de désappointement.
C’est un souvenir de rien du tout mais j’en ai les larmes aux yeux en l’écrivant. Ma Réglisse était un gros bébé sans malice, incroyablement joueuse et sociable, que le partenaire soit humain ou pas.
une jolie photo de ma belette lors d'une de ses sorties
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