« Happy »
Je pense qu’elle a été heureuse avec nous, avec moi, mais…aurait pu mieux faire, comme on dit parfois. Je crois que c’est ce que chacun se dit après, une fois qu’ils sont partis… j’aurais dû faire ci et j’aurais pu faire ça, avec le chagrin vient le temps des regrets, du bilan des occasions perdues.
Nous l’avions choisie parce qu’on la trouvait très jolie et aussi parce qu’elle était très différente de Parnelle. Nous ne voulions pas d’un « clone » qui aurait souffert de comparaisons permanentes mais malgré tout ma petite Réglisse a tenu assez longtemps, trop sans doute, le rôle de mimine de remplacement. Je ne pense pas qu’elle en ait souffert énormément car elle était toujours pleine d’entrain, prête à jouer, elle venait vers nous sans cesse et de son côté, l’adoption a été totale et immédiate, mais elle devait quand même sentir que nous n’étions pas en symbiose, que nous étions ‘ailleurs’. J’en suis persuadé car les chats sont très doués pour percevoir notre niveau émotionnel.
Elle avait grand besoin qu’on s’occupe d’elle. Je crois que si elle est restée un peu bébé (beaucoup en fait) c’est en partie à cause de sa nature, de son tempérament mais aussi par l’éducation que je lui ai donnée : surprotégée, abondamment caressée mais aussi grondée, privée de vraies sorties, le fait de la laisser dormir sur mon dos (sa plate-forme préférée pour faire la gestuelle de la tétée)…tout ça a contribué à la maintenir dans un état infantile ! C’était une minoune un peu immature, sevrée alimentairement mais pas tout à fait socialement et ainsi, jusqu’à la fin, elle est restée un grand chaton. A deux ans passés, elle avait toujours une voix de bébé, était obsédée par l’envie de jouer et me faisait le « crabe » comme une petite crevette de quatre mois !
Elle a longtemps été un « chat thérapeutique », pour me permettre de faire le deuil de Parnelle, elle aurait mérité mieux et plus. Je l’ai déjà écrit mais je suis persuadé que le nombre élevé de bêtises, son côté volcan casse-pied en mouvement perpétuel, tout ça était en partie dû à son désir d’attirer notre attention. Alors, elle s’est fait gronder et parfois je gueulais carrément plus que de raison je crois. Ai-je été assez tendre, assez gentil avec elle ? Oui et non, disons qu’elle aussi aimait bien que ce soit physique même niveau câlins, la caresser amenait souvent des petits refus de sa part et ses câlins à elle étaient souvent appuyés, c’était Miss Bourrinus !
Avec le recul et le chagrin parce qu’elle n’est plus là , je me dis que parfois j’aurais pu être plus patient et plus doux quand elle insistait pour avoir mes genoux ou se coucher sur le plan de travail entre l’écran et le clavier mais bon, c’est la vie, parfois on est fatigué, énervé, pas disponible, alors je la prenais et la remettais sans ménagement dans le couloir, hors du bureau, d’où des protestations et des pleurs. Elle ne m’en voulait jamais et revenait « à la charge ». Nicole avait dit une fois « de toutes façons, un chat en veut toujours plus », oui, au bout du compte elle cherchait juste à obtenir le maximum, tout le temps … je crois que c’est parce qu’ils nous aiment encore plus que nous ne les aimons.
Je l’ai donc un peu manquée, ma Réglisse, en n’ouvrant complétement mon cœur qu’assez tard. Je l’ai certes vite aimée et je m’inquiétais chaque fois qu’elle avait un souci, son premier petit vomi, sa grande fatigue après ses vaccins, sa réaction après sa stérilisation mais je freinais mes élans de tendresse, une force inexplicable m’empêchait d’aller totalement vers elle, de me lâcher complétement… le regret que Parnelle n’en soit pas la bénéficiaire ? La peur inconsciente de la « trahir » en aimant très fort une autre ? Je ne sais pas trop…
Au tout début, je me souviens que je lui disais carrément que si j’allais prendre grand soin d’elle, elle ne serait qu’une mimine, un chat, pas « ma fille » comme Parnelle, elle m'écoutait en plissant et en clignant des yeux comme elle le faisait toujours quand je lui parlais tout doucement... et puis le deuil de Parnelle se faisant et mon amour pour Réglisse grandissant, elle a trouvé une place entière. Je crois pouvoir dater ça à peu près, c’est en septembre 2012 que j’ai écrit ma dernière longue histoire sur Parnelle. Si l’on ajoute à ça le fait qu’on avait emménagé dans une nouvelle maison depuis 2 mois, je crois que c’est vers cette époque que Réglisse s’est définitivement installée dans mon cœur.
Longtemps quand je revenais du travail, tout au long de la route, mes pensées étaient accaparées par Parnelle et j’éprouvais du chagrin à l’idée qu’elle ne serait pas là à m’attendre, alors qu’une petite mimine qui ne demandait que ça était dans notre vie. Et un jour, je ne sais pas du tout quand, je me suis rendu compte qu’en rentrant, je pensais à elle, à Réglisse, c’était là dans mon esprit. Je n’avais pas oublié Parnelle, je l’avais mise au chaud dans mes souvenirs, mais celle qui était là et qui nous aimait devenait enfin le « bébé de la maison » à son tour.
Par la suite je n’ai eu de cesse de le lui dire et de me comporter en conséquence, me montrant enfin plus patient, plus tendre, en la prenant dans mes bras plus souvent… je suis heureux et soulagé de l’avoir fait, de lui avoir dit, d’avoir fait en sorte qu’elle le comprenne et qu’elle le ressente.
Ça s’est renforcé à partir du printemps 2013 et depuis l’été elle ne me quittait plus. Les dernières semaines elle allait jusqu’à monter sur le petit meuble qui donne sur la fenêtre des toilettes pour me voir 'à l'oeuvre', elle miaulait jusqu’à ce que je sorte! Si je tardais à aller me coucher, elle s’agitait et rouspétait. Je m’interroge d’ailleurs sur l’intensité de cette proximité : était-ce sa façon de me dire qu’elle sentait que je l’avais totalement acceptée ? Était-ce parce qu’elle sentait que je n’allais pas bien (maux de tête, mal de dos, crampes …autant de signes annonciateurs du burnout qui arrivait) ? Ou bien était-ce elle qui ne se sentait pas bien ? Ou qui pressentait un drame ? Je laisserai ça à la part de mystère qui va avec tout chat…
Je m’interroge sur ses ronrons aussi. Le ronronnement n’est pas toujours synonyme de plaisir pour un chat, il peut aussi traduire de l’angoisse. Depuis toute petite elle ronronnait pour un oui pour un non : caresses ? ok, mots gentils ? ok, mais les regards ? était-ce parce qu’elle cherchait mon cœur ou parce qu’elle était impressionnée par ce grand monsieur qui parfois criait très fort ? Les bagarres avec mes mains ? il y avait du plaisir c’est certain mais est-ce qu’elle ronronnait aussi parce que cette main qui jouait et caressait donnait aussi des petites tapes sur le derrière ? Elle donnait l’impression de mélanger les sentiments, les sensations…
Aujourd’hui, je ne sais que trop qu’elle ne reviendra pas, que je ne la reverrai jamais et elle me manque. Elle était un formidable compagnon de jeux qui égayait une existence parfois bien difficile. Il y a le chagrin, la frustration, le poids de ma faute, et des tas de questions mais… quand j’ai des doutes sur l’intensité du bonheur qu’elle a eu d’être à nos côtés, j’essaie de penser très fort à tous les instants heureux qu’elle a passés avec moi : nos nombreuses parties de cache-cache, nos petites ‘bagarres’, les câlins sur mon ventre ou sur mon dos, ses petites sorties avec moi dans le jardin, les petites caresses que je lui faisais en passant, son corps gracieux qui se frottait contre mes jambes, cet adorable mouvement de danse, de toupie qu’elle faisait si souvent quand je lui donnais à manger ou tout simplement comme ça pour manifester son contentement, sa joie et son plaisir quand je lui accordais mes genoux, nos longs ‘dialogues’, les moments où elle dormait bien et profondément … alors je me dis que oui, elle s’est bien amusée, je l’aimais et elle m’aimait, c’est ça qui compte…
dans sa première maison
http://parnelle.pagesperso-orange.fr/reglisse/gallery2/images/gluglu_001.jpgdans sa deuxième maison
http://parnelle.pagesperso-orange.fr/reglisse/gallery1/images/gluglu_001.jpg