« Quelques sorties plus aventureuses »
Réglisse n’avait pas le droit de sortir. Ça allait de soi dans sa première maison, tout près d’une route très fréquentée mais c’est devenu moins évident dans sa deuxième maison dont la porte vitrée permettait de contempler le jardin et un champ à perte de vue.
Je décidai donc de la faire sortir un peu, en ma présence uniquement. Lors des premières sorties, au cours de l’été 2012, je me souviens qu'en fait elle a échappé quelques fois à ma vigilance. J’avais pris l’habitude de m’asseoir sur une chaise de jardin et de bouquiner ou bidouiller avec mon iTouch tout en jetant un œil de temps en temps pour voir ce qu’elle faisait. Mais la coquine prenait de l’assurance au bout d’un petit quart d’heure et vite fait bien fait, elle a disparu de mon champ de vision à plusieurs reprises.
Panique à bord, je me levais et allais voir où elle avait bien pu filer, parfois elle était tout simplement cachée dans un petit parterre de fleurs et d’herbes hautes mais il est arrivé qu’elle s’éloigne un peu trop à mon goût. Elle descendait un petit escalier de pierre et pouvait avoir accès à une espèce de hangar plein de vieux meubles et de recoins, elle s’y est rendue plusieurs fois mais la sachant là -bas et dans l’impossibilité de faire autre chose que de revenir, je lui faisais un peu confiance et la laisser s’affairer dedans. Elle est revenue plusieurs fois la gougoule couverte de toiles d’araignée…mais un jour alors que je trouvais qu’elle mettait du temps à revenir, je l’y ai cherchée, je l’ai appelée, rien, pas de Réglisse.
Grosse panique à bord ! J’ai cherché aux environs immédiats, rien non plus. J’avais compris que mademoiselle avait décidé d’explorer plus loin. J’ai dévalé un petit chemin de terre qui mène à une partie goudronnée qui débouche sur une petite route de campagne et là , je l’ai vue, la Miss trottinait hardiment sur ce sentier en direction de la route et du hameau. Sans brusquerie ni précipitation pour éviter qu’elle ne se mette à courir vers la route, je l’ai rattrapée en marchant d’un bon pas, je l’ai contournée et là je l’ai forcée à rebrousser chemin. Sans problème car comme elle était très troutrouille, elle interprétait mes injonctions et mes claquement de mains comme un signal de danger.
J’ai donc été plus vigilant et chaque fois qu’elle faisait mine d’aller vers les escaliers, hop, je faisais le tour et lui barrait la route. Je faisais des gros grognements et je la voyais ventre à terre retourner vers la maison, voire rentrer carrément se mettre à l’abri du gros monstre que mes drôles de bruits devaient créer dans son esprit !
Comme l’escapade devenait problématique de ce côté-là , elle a essayé l’autre bord, un deuxième pré qui fait office de jardin sauvage et qui mène ensuite à un petit bois. Même chose, j’ai retrouvé Réglisse une fois à près de deux cent mètres de la maison, se dirigeant allégrement vers le bois.
Bref, après quelques tentatives de ce genre, j’ai abandonné la lecture et le iTouch et je ne l’ai plus quittée des yeux… Je ne voulais pas qu’elle soit seule et autonome dehors car elle était à la fois trop curieuse, trop fofolle et aussi extrêmement naïve. N’importe qui aurait pu l’appeler et l’embarquer, elle était sans méfiance et aimait les humains. Pareil avec un chien errant, elle serait allée le voir pour jouer !
Dès le départ, j’avais mis une affichette sur la porte avec sa photo « Je m’appelle Réglisse et je n’ai pas le droit de sortir » pour prévenir les visiteurs quels qu’ils soient. Un jour, elle a filé entre les jambes de l’infirmier mais j’étais là et je l’ai fait rentrer en la grondant sans problème, elle est rentrée toute penaude.
Quand je sortais pour aller chercher du bois, sortir les poubelles ou quoi que ce soit, elle m’attendait derrière la porte vitrée tout en miaulant et quand je revenais, son grand truc était de se coucher en boule juste derrière pour me forcer à ouvrir la porte très lentement, ce que je faisais par peur de la blesser et de la coincer (elle se mettait carrément près des gonds). C’était vraiment bien joué de sa part car le temps que j’ouvre doucement, elle négociait en me faisant du charme : petits miaous suppliants et yeux doux qui clignent toutes les cinq secondes…
Je lui ai offert une bonne vingtaine de petites sorties de 15 ou 20 minutes au cours de l’été 2013. Elle se laissait prendre sans trop de problèmes pour rentrer et même si elle était parfois scotchée à la porte ou à une fenêtre, elle n’a jamais fait de comédie pour demander à sortir.
Ces petits moments que j’ai passés avec elle, à la regarder s’émerveiller de tout et de rien avec les brins d’herbe, les papillons et les fleurs resteront à jamais de merveilleux souvenirs…
Ma petite panthère noire et flammes dans le jardin
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