Ying, en bon p'tit gars qu'il Ă©tait, jouait au foot.
Je lui avais acheté des petites balles pour jouer dans le jardin, mais à part quelques coups de pattes par politesse, ça ne l'intéressait pas.
Non, lui, ce qu'il aimait, c'était jouer au foot avec les noisettes, les olives et les cerises. Si on avait la mauvaise idée de laisser des cerises dans une boîte sur la table, il en attrapait une délicatement, parfois en la sortant de la boîte avec la patte, parfois en l'attrapant par la queue avec les dents. La partie commençait toujours en poussant la cerise au bord de la table pour qu'elle tombe et qu'on la lui ramasse. Après quelques ramassages de cerise, on passait aux choses sérieuses : cavaler dans la maison en donnant des coups de pattes dans la cerise, qui, il faut le dire, finissait toujours dans un piteux état. Et nous, on le suivait avec le chiffon pour essuyer les éclaboussures de jus avant que cela fasse des taches. Quand la cerise était un peu trop déglinguée, il ne se démontait pas : il allait en chercher une autre. Mais toujours il choisissait, il n'en prenait pas une au hasard. Il pouvait nous en sortir plusieurs avant de trouver celle qui lui plaisait.
Quand on sortait des olives, c'était pire, car avant de jouer au foot, il se frottait le museau dessus tant et tant que la pauvre olive ne ressemblait plus à rien. Comme nombre de chats, l'odeur des olives le rendait dingue. D'ailleurs, cuisiner à l'huile d'olive sans se retrouver avec le chat dans le plat relevait de l'exploit. Un jour, il avait sauté sur mes genoux, non pas pour faire un câlin, mais pour venir lécher mon assiette pleine de ratatouille à l'huile d'olive.
Les noisettes étaient aussi à son goût, car cela rebondissait bien sur les plinthes. |